Le rôle de l'orthophoniste.

Le rôle de l’orthophoniste est indispensable dans le handicap auditif chez l’enfant. Chez l’adulte qui a déjà parfaitement entendu dans son passé, l’orthophonie ne s’intéresse qu’aux personnes profondément handicapée par la surdité. En pratique cela concerne les sourds sévères ou profonds dont l’aide auditive externe ou implantée ne suffit pas en elle-même à restaurer une boucle audio-phonatoire correcte. L’orthophonie vise dans ces cas à mettre en œuvre tous les moyens et stratégies possibles pour permettre une meilleure utilisation des perceptions auditives dans un but de compréhension et de production du langage oral.

On distingue la surdité prélinguale et la surdité postlinguale, selon la date d’installation de la surdité, c’est à dire avant ou après le début de l’acquisition du langage.  La surdité prélinguale est  plus difficile à diagnostiquer, car il n’y a pas de point de repère propre à l’enfant qui lui – même n’a jamais commencé à parler. Il faut donc que le médecin connaisse les grandes étapes du développement du langage oral. Ces étapes sont répertoriées dans un autre chapitre mais il est utile d’en rappeler les principales :

  • Dès le sixième mois in utero, les mères notent certaines réactions de l’embryon aux bruits. On sait maintenant que l’embryon à partir de cette époque entend la voix de sa mère et même d’une autre personne, en principe le père, si celui–ci prend soin de parler au contact du ventre de la mère.
  • A la naissance, le bébé est sensible aux bruits environnants, et réagit de façon bien connue aux bruits qui le surprennent. Ce sont des réflexes archaïques, comme celui de Moro où le bébé écarte les bras en réaction à un bruit extérieur.
  • A partir de 3 mois le bébé commence à produire des sons. Il s’agit souvent de cris de joie, et de production stéréotypées (« areu »).
  • A partir de 4 à 5 mois le nourrisson gazouille : les sons produits l’intéressent et il en joue en en modulant l’intonation.
  • Vers 6 mois le bébé réagit à son prénom. Entre 6 et 9 mois apparaît le babillage avec le doublement des consonnes, préférentiellement le « baba ». L’imitation des sons et intonations commence. Le bébé à cette période donne un objet sur demande.
  • A 12 mois, il prononce quelques mots, au moins un, souvent papa ou mama(n).
  • Entre 18 et 20 mois l’enfant associe deux ou trois mots en formant des métaphrases et a déjà un vocabulaire d’une cinquantaine de mots.
  • A partir de 20 mois le vocabulaire s’enrichit rapidement et à 3 ans le langage devient fluide. Lenfant comprend le « je », fait de véritables phrases avec sujet-verbe-complément.
  • A 5 ans l’enfant est capable de raconter une histoire complète en produisant des phrases élaborées.

Ce schéma peut d’un individu à l’autre présenter quelques variations, mais globalement, si un retard est noté, il est indispensable d’évoquer un retard de l’acquisition langagière et en premier lieu une altération auditive.


Le développement du cortex auditif spécialisé dans le langage est dépendant de la fonction auditive et ce, pendant une période très précise. En pratique, si un enfant n’entend pas avant un certain âge, 5 ans étant la date rédhibitoire pour une aide auditive, il ne sera plus possible de lui permettre d’acquérir un langage oral correct, quel que soit le moyen de réhabilitation auditive mis en œuvre. 

C’est pourquoi un dépistage auditif néonatal a toute son importance, à condition, bien sûr, de l’entourer des précautions d’annonce du diagnostic et d’un soutien à la fois technique et psychologique constant et efficace.

  • Chez l’enfant prélingual, le bilan orthophoniste évaluera notamment  l’appétence de l’enfant à communiquer et à écouter le monde sonore environnant s’il a quelques restes auditifs. Une fois l’aide auditive mise en place, qu’elle soit externe ou par implant cochléaire, l’orthophoniste évaluera les progrès dans la communication et les progrès langagiers de l’enfant. L’aide de l’orthophoniste est souvent bienvenue pour adapter les réglages des aides auditives.


Dans tous les cas, le rôle de la prise en charge orthophonique est d’aider l’enfant à rattraper son retard et à s’aider de tous les autres moyens pour mieux comprendre son environnement sonore. La lecture labiale prend un intérêt primordial. On peut s’aider de codes spécifiques formés avec les doigts sur les lèvres lors de la prononciation des mots, pour permettre un déchiffrage plus facile et plus juste de la lecture labiale. Ce langage codé, le LPC, est d’une importance capitale en cas de surdité réhabilitée par implant cochléaire. On insiste actuellement sur l’efficacité d’une rééducation orthophonique multimodale (auditive et visuelle) en cas de surdité.


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Commentaires: 1
  • #1

    Caroline (mercredi, 04 novembre 2015 10:49)

    Bonjour,
    Je lis votre blog et bravo pour votre implication auprès de votre fille !
    Néanmoins, en lisant cet article je ne peux m'empêcher de réagir en lisant que la voie visuelle est primordiale pour la réhabilitation auditive (lecture labiale et LPC) chez les enfants implantés.
    Pourquoi mettre du visuel pour entendre ?
    Comme vous l'avez souligné, le développement de l'aire auditive dans le cerveau ne peut se faire que jusqu'à un certain âge... Alors pourquoi ne pas renforcer l'audition plutôt que d'y associer du visuel ?